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Introduction à la musique de Zender
Entre calligraphie et collage
par Martin Demmler

Le vécu du temps et son traitement musical, compris entre les pôles de la mémoire du passé et de la prévision de l'à-venir, est la préoccupation centrale de la pensée compositionnelle de Hans Zender. L'expérience de l'écoulement du temps, l'impossibilité du retour, conditionne de manière très diverse la structure de nombre de ses œuvres. Ce n'est pas un hasard s'il a intitulé son second recueil d'écrits musicaux On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve un titre emprunté à Héraclite. Zender, qui a été surtout influencé par Bernd Alois Zimmermann, a refusé dès les années 50 l'aspect hermétique et dogmatique de la composition sérielle et cherché un langage personnel qui lui permette de réaliser musicalement l'espace sonore et le temps qu'il imagine.

L'œuvre de Hans Zender s'organise autour de deux lignes de force principales qui d'ailleurs se recoupent ou se confondent parfois. La première regroupe les pièces rattachées à la réflexion du compositeur sur des pensées et des idées de la philosophie extrême-orientale zen, pièces pour lesquelles il utilise souvent des textes japonais ou chinois. La technique de la calligraphie surtout l'a fortement impressionné et a également laissé son empreinte dans ses œuvres. La seconde ligne est formée d'œuvres qui s'appuient sur des techniques ou des auteurs de l'histoire de la pensée occidentale. Ainsi Zender a choisi par exemple des textes de la Bible, de Thomas Müntzer, Meister Eckehart, Cervantes ou Héraclite comme fondement de ses compositions; dans son Dialogue avec Haydn, il a eu recours à un thème populaire d'un compositeur classique sans pour autant invoquer le monde sonore prétendument "intact" du passé.

Zender n'a pas peur de la tradition, elle est au contraire une composante essentielle de sa pensée musicale. Ce n'est en effet que sur la toile de fond de la tradition - que Zender, le chef d'orchestre à l'esprit analytique, connaît parfaitement - que l'on peut faire l'expérience de la nouveauté. Une technique telle que celle du collage, qui joue un rôle primordial dans son œuvre, serait d'ailleurs proprement impensable sans le matériau cité. Le principe de la superposition de plusieurs strates, la simultanéïté de différents styles et couches de temps n'apparaît peut-être nulle part plus clairement que dans son premier opéra Stephen Climax, dans lequel deux niveaux d'action se déroulent parallèlement et se combinent en un époustoufflant collage de personnages et d'allusions.

La moitié de ses œuvres environ s'appuie sur un texte. Pourtant il ne s'agit pas d'une simple "mise en musique", esclave du déroulement du texte; au contraire: le matériau littéraire fait lui-même l'objet d'un travail compositionnel. Les textes apparaissent sous forme de collages, subissent des métamorphoses, sont traduits dans différentes langues ou bien encore placés dans un nouveau contexte sémantique. Ainsi dans le cycle de musique de chambre Hölderlin lesen (lire Hölderlin) les vers récités de ce poète sont confrontés à un langage sonore imaginaire dans l'esprit des dernières œuvres de Beethoven.

Hans Zender est un musicien d'une vitalité extraordinaire, d'une grande culture littéraire et philosophique qui sait toujours tirer profit pour ses œuvres des impulsions et des idées nouvelles. Calligraphie ou collage - l'univers musical de Hans Zender fait montre d'une foule de possibilités dans l'art de combiner construction et expressivité, les deux catégories fondamentales de sa pensée musicale.

Martin Demmler (© 2000)

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