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Introduction à la musique de Fine
par Phillip Ramey

Irving Fine (1914-1935) est un compositeur américain remarquable pour son lyrisme. Ses partitions, mastralement composées, ‘chantent’ indéniablement. Aaron Copland a écrit de sa musique qu’elle nous séduit par ses sonorités aiguisées et son contenu expressif pleinement achevé"; et il en vante "l’élégance, le fini, le style et la continuité convaincante". Virgil Thomsom la décrit comme "une grâce mélodique inhabituelle".

Fine reçut d’abord une formation de pianiste et devint un exécutant accompli. Ses collègues admiraient tout particulièrement la facilité avec laquelle il déchiffrait. Walter Piston et Edward Burlinghame Hill lui enseignèrent à Harvard la composition et la théorie musicale. Il profita aussi dans les mêmes domaines des leçons de Nadia Boulanger en France et au Radcliffe College de Cambridge au Massachusetts. Archibald T Davison, à Harvard, l’initia à la direction de choeur et Serge Koussevitzky, à Tanglewood, à celle de l’orchestre. Copland, Stravinsky, Koussevitzky et Leonard Bernstein comptèrent à Harvard parmi ses amis. Fine y fut professeur d’histoire et de théorie musicale (de 1939 à 1950.) Egalement professeur de composition et de théorie musicale à l’université de Brandeiss (1950-1962) il fut aussi Directeur du ‘Harvard Glee Club’ et, entre 1946 et 1957, pendant neuf saisons d’eté, it enseigna la composition musical au Berkshire Music Center, à Tanglewood. Nommé professeur à l’université de Brandeiss, il fut titulaire de la chaire de musique Walter W Naumburg et devint président de la ‘School of Creative Arts’. Une crise cardiaque survenue à Boston, le 23 août 1962, le terrassa mortellement, avant qu’il ait pu compléter son opéra Maggie: a Girl of the Street (tiré du roman de Hart Crane) ainsi qu’un concerto pour violon. Il reçut de nombreuses distinctions honorifiques, don’t deux de la Guggenheim Fellowships et une de la Fulbright Reseach Fellowship. Le ‘National Institute of Arts and Letters’ et le ‘Music Circle Critics’ de New York, lui décernèrent aussi des prix.

L’œuvre de Fine – qualitativement estimable, mais quantitativement restreinte – révèle à l’examen un compositeur qui fut, tout comme Copland et Stravinsky, un perfectionniste. Sa musique soigneusement structurée et où les détails ne sont pas négligés, donne une bonne part à la mélodie qui tend à y occuper une place croissante. Elle allie brillamment aux caractéristiques précédentes la souplesse du rythme, des textures d’une grande netteté et un contrepoint intégral, mais discret.

En tant qu’artiste Fine fut éclectique, au meilleur sens du mot: il sut garder son individualité tout en recevant des influences exterieures. L’influence du neo-classicisme de Stravinsky et des formes musicales du 18me siècle, est sensible dans une bonne partie de la musique de sa jeunesse ainsi qu’une affection – don’t il ne se départit jamais – pour l’expression romantique. Il a dit avec justesse de sa Sonata for Violin and Piano de 1946 "qu’elle était écrite dans un idiome essentiellement tonal, diatonique, modérément dissonant, mais néo-classique dans son traitement de la forme". Le néo-classicisme de Fine, encouragé dès le début de sa carrière par Nadia Boulanger, apparâit même dans les titres des mouvements des œuvres telles que Partita for Wind Quartet (1948) et Music for Piano (1947) (par example ‘Variations’, ‘Gigue’, ‘Valse-Gavotte’). Toutefois la Toccata Concertante for Orchestra de 1947 fortement rythmique, qui, d’après l’auteur, présente "une cetainte affinité avec la musique vigoureuse des concertos baroques" demeure un exemple brilliant du neo-classicisme de l’artiste.

Par la suite le classicisme triompha aussi bien dans l’élégance douce-amère du Notturno for Strings and Harp (1951), que dans les chants aux harmoniques variés de Mutability (1952) et dans l’élégie austère du Serious Song: Lament for String Orchestra (1955), d’oú perce un lyrisme particulièrement intense. Ces œuvres prouvent que Fine était capable de composer des mélodies qui, a-t-il dit avec admiration, à propos d’un autre compositeur "sont une source de plaisir pour beaucoup de gens sans pour cela tomber dans la banalité". Il n’est pas surprenant que parmi les œuvres orchestrales de Fine Notturno et Serious Song soient le plus souvent jouées. Ses œuvres chorales, hautement personelles, aussi lyriques que variées, figurent fréquemment à l’affiche des concerts, telles que: Alice in Wonderland, The Hour-Glass et The Choral New Yorker.

L’utilisation des douze sons, d’abord dans le String Quartet (1952) d’une grande éloquence et intensité puis dans la Fantasia for String Trio (1956) si limpide, et enfin dans la Symphony (1962), dramatique, et qui devait être sa dernière œuvre marque l’étape finale du déroulement de sa conception musicale. En s’intéressant à l’écriture sérielle, Fine suivait l’exemple de Copland et Stravinsky et, de même que ses ainés, it fut capable d’utiliser avec grande liberté d’expression le dodécaphonisme en le mettant au service de ses propres idéaux musicaux. La musique sérielle se manifeste dans les partitions de Fine sous forme de plages tonales, mail elles y cohabitent avec la clarté des formes et des textures, la maîtrise et la puissance du rhythme qui rappellent ses premières œuvres. Pour Copland la Symphony (1962) était l’œuvre la plus ambiteuse de Fine et il en notait "le caractère presque dramatique". Sa polyphonie angoissée son expression déclamatoire et ses nombreuses dissonances marquent une étape nouvelle dans l’èvolution créative du compositeur, étape qui nous suprendra toujours étant à la fois commencement et aboutissement.

© Phillip Ramey, 1989
(Compositeur; Rédacteur des Programmes, New York Philharmonic)

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